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deuxieme voyage

14 août 2011

Parmarth Niketan ashram, Rishikesh

(message sans photo encore, je vous inviterai a la maison pour les voir)

 

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J'ai vérifié, il est vraiment aveugle. Ouais, mon premier sadhu estropié ! ; Des Indiens se baignant dans le Gange, réduisant ainsi leur espérance de vie de quelques semaines (je plaisante, ici on est près de la source) ; des fleurs pour les offrandes au fleuve.

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Ne vous grattez pas trop fort les poils du torse ! 

Rishikesh est une ville sacree sur les bords du Gange, non loin de sa source, a une altitude de 350m par la, ce qui lui confere un climat plus agreable que dans la plaine en cette saison de mousson. Ce fleuve a un sacre debit, bien plus que le Rhone ou la Loire meme pres de la source ! Il y a des ceremonies tous les soirs sur ses deux berges. La ville est la capitale mondiale du yoga dit elle, et c est cette raison qui m a attire la. Plus par curiosite qu autre chose, car j avais fini mon sejour chez les bouddhistes des montagnes, la seule chose dont j etait un peu familier avant d arriver.

Il y a la des ashrams (sorte d equivalent local a l abbaye chez les Chretiens) pour tous les gouts. On m avait recommande un ashram serieux, mais ou il faut se lever tous les jours a 4h30, c est un peu intensif, apres vipassana j avais pas envie de rempiler. Et puis il y a plein de touristes qui ont l air sympa en ville, je me suis donc dirige vers un ashram a touristes, sri sant seva ashram. Apres un premier cours de yoga tout a fait honnete me semble t il, le jeune professeur, en tenue de yogi traditionelle (cheveux longs, barbe, vetements amples oranges), nous parle de purification du corps, de vegetarianisme (la viande cause des cancers dit il) , puis ecourte la conversation pour aller se fumer sa clope. Je lui demande si c est pas un probleme pour un yogi d etre sous le joug d une addiction cancerigene, et il fait "yogis are like everyone man". Bon bah va falloir trouver un autre ashram.

Tout un pan de la berge est occupe par de grands ashrams traditionnels, batiments avec des jardins interieurs decores de statues religieuses, ou tous les messages informatifs sont ecrits en hindi. Les gens que je croise a l interieur semble etre des Indiens eclaires (chose assez rare pour susciter en moi un certain engouement, qui dissipe presque ce leger fumet d incredulite qui ne me quitte pas depuis deux mois), et un des ashrams (le Parmarth niketan) propose un cours de "fondations du yoga" qui debute le lendemain. Le programme : priere de 5h a 6h, cours de yoga pratique de 6h30 a 8h, petit dejeuner, chants vediques de 10h30 a 11h30, questions de 11h30 a midi, dejeuner, cours pratique de 16h a 17h, meditation de 17h a 17h30, puja sur les bors du gange vers 18h30. J hesite un peu, les prieres les chants c est un peu trop religieux pour moi (finalement les prieres on peut ne pas y aller...1h sans rien comprendre aux chants bof). Mais bon ai je envie de continuer a suivre les cours d un yogi toxicomane et interesse ? (il disait aussi que son reve etait de s offrir un chalet en Suisse... J ai rien contre mais bon on est yogi ou on l est pas)

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vue du jardin de l'ashram, en entrant.

J ai donc tente le coup, et je n ai vraiment pas ete decu. Les gens de mon groupe etaient pour la plupart des etrangers, les Indiens qui viennent ici pour les vacances sont plus branches offrandes ou prieres. Partager ce cours avec ces gens fut une experience formidable, je me suis fait des copains de plein de pays, et on s est dit qu on s accueillerait mutuellement au cours de prochaines vacances. Il y avait de tous les ages, chacun venait pour une raison proche mais differente. Casting :

Un jeune couple d Indiens moderne, l Inde de demain, venait pour se faire une petite cure de sante et de repos. J etait enchante de pouvoir discuter avec eux. lui, Ravi a fait ses etudes aux usa, et est revenu pour epouser Vedia, ils ont une petite fille de un an et demi, confiee aux grands parents. Ravi a suivi une formation sports-etudes aux usa, ou il etait visiblement un sacre fetard, et j ai comme l impression qu il s accoutume comme il peut de la vie conjugale. Vedia est tres gentille, tres belle aussi, elle connait deja un peu de yoga, elle m a dit que comme j avais l age de son petit frere elle me considerait comme son petit frere, je ne sais pas si j apprecie.

Une Francaise de mon age, Margaux, venait pour apprendre un peu de philosophie locale. Tres sympa, un peu en quete de quelque chose. On prenait les repas ensemble a la cantine.

Marcel, un Hollandais (avec des origines francaises comme son nom le laisse deviner) de 31 ans, qui a bosse dans un centre de fitness jusqu a 23 ans avant de se dire, "est ce que t as vraiment envie de donner des cours de muscu a des filles de 19 ans quand tu en auras 50 ?", et de faire des etudes de commerce. Il bosse a present depuis deux ans dans une banque, et dit qu il aime aller au boulot en costard et conseiller des gens sur leurs affaires. Il me dit qu il aime, lorsqu il voyage, pouvoir se retrouver, c est ce qui l a ammene a l ashram. Dans le meme genre il a fait le chemin de saint Jacques de Compostelle, la partie espagnole, qui fut une de ses meilleurs experiences (et, ajoute il, comme tous le monde fait seul cette marche, c est un bon moyen de se faire des copines, esseulees par cette dure epreuve). Sacre fetard lui aussi semble t il, (il parle pas mal des Parties d Amsterdam, sa ville) et pas presse de se poser, il attend d avoir 40 ans pour se marier.

Arancha, un espagnole de 39 ans, mais timide comme si elle en avait 19, celibataire dans la grande ville de Madrid... Elle etait tres gentille mais elle m a fait de la peine, comme si elle avait loupe une etape...

Sonia, Barcelonaise, toute pimpante et souriante, qui fait deja du yoga chez elle, voulait en apprendre un peu plus.

Nadine, une Allemande qui a passe un an de volontariat dans un hopital pour handicapes mentaux en Inde (avec d autres Allemands uniuement, tres peu d Indiens font du volontariat de ce type), etait sur le chemin du retour vers son pays natal. Elle ne pouvait rester que quelques jours. Tres gentille, gracieuse meme, elle faisait moins que ses 31 ans. Apres avoir bosse dans la finance, elle trouvait ce qu elle faisait absurde et a voulu changer de vie. Mais apres un an de pause elle ne sait pas trop ce qui l attend en Allemagne... Elle m a dit que l Inde allait lui manquer, a cause du lien entre les gens, et meme chose surprenante, de l activite dans les rues. Elle dit qu En Allemagne il ne se passe rien dans les rues. Mais de la a apprecier la foule dense et odorante, les klaxons stridents et les bouses de vache fraiches il y a un pas que je ne puis imaginer franchir. Peut etre qu on accede a une autre dimension apres un an passe sur place. Ou peut etre que les rues en Allemagne sont vraiment tres tres ennuyantes.

Les freres Islandais. Ils sont venus en Inde juste pour l ashram. Il sont zen veg (vegetariens sauf pour le poisson), meditent matin et soir. La selection naturelle a bien fait son boulot dans le nord lointain, il mesurent tous les deux 1.85-1.90m, sont tres pales, les yeux bleux comme un ciel de matin d hiver. Le petit frere notemment (23 ans, 24 pour le grand) a une carriere de cinema qui l attend, dans un role d agent secret aux methodes non orthodoxes, ou plus banalement de guerrier viking. C etait mes premiers Islandais, champagne ! Des etres tailles dans le granite, qui ont conserve leur mystere malgre les deux semaines que nous avons partagees. D une souplesse nulle, ils officiaient comme basses lors des cours de chant. Le grand frere est tatoue sur tout le corps, aime la peche, le moto cross, et jette des regards chaleureux et equivoques a beaucoup d etudiants du cours.

Jerry, un autre Hollandais, a fait des etudes de commerce mais trouve finalement que c est un savoir absurde, et passait 5 semaines a l ashram pour apprendre le yoga, la philosophie hindoue, la cithare (magnifique guitare locale, avec des cordes supplementaires que le joueur ne touche pas, mais qui resonnent et enrichissent le timbre des notes. On a assiste a un concert un soir). Tres sympa. Ses arrieres grands parents sont Indiens, ils ont emigres au Surinam, puis la generation suivante en Hollande. Ils sont sympas ces Hollandais.

Abdul, 41 ans, apres 10 ans de commerces divers aux USA, est revenu depuis 3 ans dans sa Syrie natale ou il a vecu du tourisme jusqu aux problemes recents. Il a un cote organisateur de vacances tres agreable, le we entre les deux semaines de cours il nous a concocte une excursion dans des grottes sacrees, puis a une cascade du coin. Il est un peu dans la merde professionnellement avec ce qui se passe en Syrie, et cherche un plan B (prof de yoga ?). Il cherche aussi une femme europeenne parce que son epouse Syrienne n etait avec lui que pour les sous.

Et d autres mais ca fait beaucoup apres.

 

Patanjali, pranayama, asana, mantra. Expliquer ce que j ai compris de ces termes suffira a partager les connaissances que j ai acquises au cours.

Patanjali est un sage qui a vecu il y a 2000 ans par la, il est le compilateur le plus etudie des connaissances sur le yoga. Il y avait plusieurs milliers de postures (asanas) existantes dans le lointain passe, Patanjali a fait une selection de quelques centaines de postures, et a organise les differentes branches du yoga, en gros il y en a trois : les regles de vie, les exercices physiques, la meditation. Le yoga n est donc pas reduit aux exercices physiques comme on peut le croire. En ce qui concerne les regles de vie et la meditation, ca ressemble beaucoup au bouddhisme.

Pranayama : on pratique les exercices de respiration tous les matins, apres un peu d echauffements. Le but est de reeduquer la respiration, pour qu elle soit profonde et calme. Les maitres du passe ont observe que la repiration est tres etroitement liee aux etats d esprit, apprendre a bien respirer est donc un pas important vers la serenite. J ai discute avec un indien de 50 ans par la, qui m a dit qu il y a 10 ans il a passe deux annees a l ashram, car il etait tres stresse etc, et que ce qui lui a le plus servi c est les exercices de pranayama. Il a dit maintenant que je sais, je n ai plus besoin de rester a l ashram. Il etait un peu pretentieux cela dit avec son savoir, et regardait de hauts les debutants que nous sommes, peut etre aurait il du rester un an de plus.

Asana : il y a quelques centaines de postures communement pratiquees, et dans le bouquin de reference qu on nous a conseille d acheter il y en a cent environ. Nous en avons pratique quelques dizaines, de nombreuses necessitant une souplesse importante ou une capacite d auto observation inaccessible aux debutants. Les postures font travailler certains muscles, etirent d autres, et exercent des pressions sur les organes et glandes ce qui regule leur activite. Pour pratiquer convenablement un asana il faut pouvoir le realiser dans un etat de calme, avec une respiration reguliere, et observant les parties du corps qui travaillent (ca a visiblement un effet important lorsqu on progresse en niveau... Observer une zone permet de prendre conscience des tensions et aide a les relacher.) Les yogis ont observe tout ca de maniere assez subtile, selon eux notre corps n est pas un, mais quintuple : le corps physique, le corps energetique, le corps mental, et j ai pas trop compris les deux autres... (j ai lu ca dans un bouquin ils en ont pas parle en cours, ca doit etre un sujet avance). Bien sur ca ne veut pas dire qu il existe "vraiment" 5 corps, mais qu on peut classer les experiences yogiques en 5 categories je suppose.

Tout cela est bien, mais est ce que ca marche ? Pour moi la reponse est oui, pendant ces deux semaines je me suis senti bien dans mon corps comme rarement, et aussi tres calme, serein, joyeux. Je valide le yoga. Je ne savais pas quoi faire comme sport cette annee, je pense que j ai trouve.

Ma copine yogi russe de Dharamsala avait un point de vue que je n avais jamais entendu sur la vie : pour elle il y a deux types de personne, les consommateurs et les createurs. Le consommateur consomme des produits, mais aussi les idees, les emotions. Le createur cree sa propre energie. Oui ca fait un peu barjo dit comme ca mais deux mois et demi ici ont suffit a me faire apprecier les idees locales je le crains. J avais moderement compris ce qu elle voulait dire sur le coup, mais en pratiquant le yoga j ai saisi quelque chose : ces exercices instaurent un etat d esprit positif, qu on transforme en bons moments, en discussions agreables, ou simplement en appreciation juste des choses.

Les postures ont souvent des noms d animaux ou autres : le lion, le serpent, le cadavre, l enfant, le guerrier, l aigle. En pratiquant ces positions, selon le bouquin un peu esoterique que j ai lu, on revit tout le cycle karmique des transformations (car dans nos vies passees on a ete dans chacun de ces etats). Je ne sais pas trop pour les trucs karmiques, mais c est vrai que chaque position engendre un certain etat d esprit : on est roule en boule dans la posture de l enfant c est tout doux et calin ; dresse, stable et fort dans la posture du guerrier, etc... C est une experience enrichissante, meme si je ne compends pas trop comment ca peut influencer tant l etat d esprit (trucs biologico-neurologiques,... ?)

Mantra : J ai hesite a m inscrire a l ashram a cause des cours de chant, je me suis dit qu on allait devoir se taper le folklore et les superstitions locales. Mais la aussi je suis ressorti convaincu : il y a dans ces chants un message philosophique interessant ; la prof chantait hyper bien j ai achete son cd ; chanter en choeur c est tres agreable, ca renforce l ardeur, et puis ca a soude un peu le groupe je crois ; et c est un peu comme une priere on chante et on s abandonne, l effet est tres agreable. Encore quelque chose sur lequel j ai change d avis !

Apres le chant il y avait des questions reponses, j avoue ne pas avoir ete tres marque par ce qui s est dit, mais la prof, une indienne d une cinquantaine d annees, habillee d une tunique orange, avait un air paisible, qui temoignait d un certain accomplissement spirituel, j en deduis donc qu elle en sait plus qu elle n est capable d expliquer. Dans des disciplines comme les sciences par ex une telle chose est impossible car les connaissances sont intellectuelles donc traduisibles en mots, mais le yoga est une connaissance du corps, de l esprit, au dela des mots, tout comme un beau sourire ne s explique pas...

On se revoit bientot, mon avion est dans deux jours !

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shiva dansant ; encore ; shiva méditant. Il est supposé être le premier yogi de l'histoire.

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un petit village en haut d'une cascade, deux heures de marche à partir de la route suffisent à purifier le paysage ; un joueur de cithare ; des dieux bizarres (et vous n'avez pas vu la suite).

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Celui-ci éventre un type, tout en ayant deux pistolets dans ses mains libres ; celui-là se fait manger par un poisson ; à l'ashram, des jeunes élèves résidents.

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28 juillet 2011

dernieres etapes

J ai sillone assez vite cette bonne vieille Inde apres mon depart du Ladakh, Srinagar, Amritsar, Patiala, pour arriver aujourd hui a Rishikesh. J ai pas trop la foi pour ecrire un message, je vous envoie directement les photos

Il manquera jusqu a mon retour les photos des montagnes Ladakhies et du Kashmir je crois bien, a cause d un probleme technique. Je vous inviterai pour une seance photos !

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 j'ajoute celles de srinagar (23/08) : 

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le lac de Srinagar ; un des jardins moghols. la ville fut leur fastueuse capitale. Tous les jardins sont en escalier, avec de l'eau qui coule au milieu ; des galopins.

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scène de vie à l'entrée ; des vendeuses de concombres : elles épluchent, coupent dans le sens de la longueur, assaisonnent avec des épices et du jus de citron :très rafraîchissant ; un jeu d'eau dans un jardin moghol (il y en a quatre, je les ai tous visités dans la journéee)

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joli reflet sur une pelouse un peu trop arrosée ; des jeunes musulmanes qui se rafraichissent comme elles peuvent (seuls les garçons se baignent) ; rencontre avec un pigeon.

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des femmes devisant les peids dans l'eau ; détail du lac ; le jardin des lotus... faut venir ici en amoureux !

21 juillet 2011

La vallee de Markha

La vallee de Markha est au sud de Leh, au Ladakh. L altitude moyenne est de 3500m, c est une vallee etroite, un petit couloir, aux flancs assez abruptes. Il y a des petits villages espaces d un jour de marche. On m a parle de cette vallee, et de la belle randonnee qu on peut y faire, sans ammener aucun materiel ni nourriture, car les habitants logent et nourrissent les marcheurs.

L idee de faire un trek leger m a rappele un episode vieux de quelques annees, en Corse : on faisait le GR20 avec Dorian, et le 1er soir on a rencontre un pere et son fils, en chaussures de marches basses et legeres, avec un petit sac a dos contenant une gourde et un slip. Ils faisaient le GR20 quasiment en course a pied. Le fils etait visiblement un habitue des courses d orientation, la papa fier de son fiston capable de se reperer dans la nature sauvage. Il y a un millenaire et quelques il aurait ete maitre d armes a la cour du roi Arthur, mais a notre epoque moderne, il fait des allers retour dans les montagnes.

Je suis donc parti, un sac a dos contenant de l eau, mon carnet a dessin, un appareil photo et quelques vetements. C est vraiment different de voyager leger, plus sportif. Je n ai pas couru tout le long du chemin, mais ca m a bien plu de trotter. Le trek dure 6 jours, avec deux cols a 5000m environ. J ai profite de ces occasions pour faire un peu de cardio et reveiller un peu mon coeur, avec une vitesse d ascension de 500m/h en montee, 600m/h en descente. 5000m dans l Himalaya, c est d un banal. Je suis content je suis en bonne sante ; d ailleurs, un mois et demi en Inde, toujours pas de tourista ! La Bolivie a du blinder mon estomac.

Les etapes :

- Rumbak : Les villageois se repartissent les voyageurs pour que chacun profite de cette manne (ils font payer plutot cher la pension, mais comme ils sont gentils j ai pas cherche a negocie). Le fils de la famille porte des adidas, la maman sent le bouc. Je leur ai demande si je pouvais me doucher quelque part, ils ont dit non. En meme temps la vie montagnarde ca salit pas, on laisse s aerer les vetements pendant la nuit et ca repart. Pas la peine de se laver les mains, une couche de crasse d epaisseur optimale se forme, ca dope le systeme immunitaire.

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la chambre d'hôte, à la déco entre Inde; chine et Tibet ; des couleurs ; le léger matos de rando.

L interieur des maisons est tres chaleureux, beaucoup de tapisseries, le style est entre l Inde, la Chine et le Tibet. Le soir, on me sert du riz et des lentilles, ca bourre bien. Le matin, des pancakes gras un peu affreux, mais bon quand on a faim ca passe. Les adultes parlent a peine anglais, mais les jeunes sont fluent.

- Skyu : tres petit village, de deux maisons, totalement independant energetiquement grace a des paneaux  solaires. Le high tech au milieu des Yaks. Ils sont tres branches ecologie dans tout le Ladakh, ils veulent montrer l exemple pour garder leurs glaciers (esperons qu ils soient entendus). Le lendemain, je fais une pause en chemin dans une maison isolee. Une femme racommode un manteau en ecoutant la radio. Elle me sert du the au lait, et des chapatis (petits pains plats locaux). Elle ne veut pas se faire payer les chapatis, "chapati, no rupee". C est toujours pareil, la vulgarite n atteint pas la campagne reculee. Ils sont plus pauvres en argent, mais bien plus riches en nature.

Ca me rappelle le livre de geographie d un de mes eleves de 4e : cours sur la grande Bretagne ; une photo du nord de l Ecosse, une maison isolee dans une region vallonnee, avec un beau lac cristallin ; commentaire : cette region est en difficulte, avec un PIB/hab tres inferieur a la moyenne nationale. Faut lever les yeux de sa feuille de chiffres, et regarder le paysage les gars !

Je croise des trekkeurs bien equipes en chemin : lunettes de soleil aerodynamiques, batons steroscopiques, montre + altimetre, vetements evaporo transpirants de couleurs vives, les gars du coin doivent se faire de sacres films sur nos pays !

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Un yak tondu ; Un stupa très décoré ; une paysanne à la sagesse polie par les millénaires, et ses ustensiles de cuisine.

- Markha : deux jeunes villageoises m indiquent le home stay. Comme a chaque etape, la maman me sert un thermos de the, et le remplit des qu il est vide. Tout ce qui n est pas produit sur place est perime depuis plus d un an (la confiture fait mal). Elle me prete des claquettes pour que je ne marche pas pieds nus. Et rentre sans toquer dans la chambre, c est la facon de faire locale. Les hotes sont a chaque fois tellement prevenant ! C est comme en Bolivie vraiment, les gens de la campagne reculee sont d une tranquillite et d une gentillesse... Je discute avec des jeunes, ils me disent qu ils vont tous faire des etudes a Leh, seuls les parents et les jeunes enfants vivent la toute l annee... Je ne pensais pas que ce phenomene aurait lieu dans ce genre de region aussi. Si vous voulez visiter le Ladakh, c est le moment, il sera bientot trop tard ! Et tous ces jeunes vont surement finir par bosser dans un call center ou bien faire rabateur de clients pour les hotels. Ou encore guide de montagne non diplome... On sait ce qu on quitte, on ne sait pas ce qu on trouve (enfin je dis ca j en sais rien. Mais bon dans la region ormis le tourisme y a pas des masses d activite). En meme temps ca m ennuirait aussi de vivre dans un village perdu toute l annee. Contradictoire.

Une jeune villageoise de 17 ans, aux manieres un peu garconnes, Patkil, me fait visiter le coin. L hiver, personne ne sort presque jamais de chez soi il fait trop froid, et on voit parfois des leopards des neiges passer dans les champs geles... Elle me dit que le monastere du village est ouvert, je peux rendre visite au moine. Il a 24 ans, il est tout seul dans son Gompa (= monastere). Il a l air de s ennuyer le pauvre, et ses gestes un peu nerveux montrent qu il est plutot loin de l eveil... Tot le matin, je l accompagne pour l office. On boit un the au lait ensuite, et il me fait decouvrir la radio locale. Dans le coin l ecole de moine commence a 5 ans, inutile de dire que les enfants ne choisissent pas... Etre moine sans vocation ca doit etre dur. Et ca risque de faire des degats.

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Des ardoises avec des gravures, à côté d'un stupa (monument sacré très fréquent dans la région, il faut tourner autour) ; un ptuit bout, la fille de mon hôtesse, curieuse de voir le nouvel arrivant ; la déco locale

- Nimaling, 4700m : ce campement saisonnier est fait de tentes uniquement. Pendant le diner, un troupeau de mini chevres passe par la, c est les mini chevres a pashmina ! Il y a plein de beaux animaux dans cette vallee. Les chevaux et les anes qui transportent les provisions pour les voyageurs et les villages, tres polis, qui  s ecartent du chemin quand on les double, les enormes yaks ; comme especes sauvages : des anes sauvages (qui ne ressembent pas vraiment a des anes), des moutons bleus (qui ne sont pas vraiment bleus), des Ibex (qui ne sont pas vraiment bex), des marmottes...

Je recontre pas mal  d etrangers ces jours ci, plutot sympas, je leur laisse mon mail s ils veulent couch surfer a Paris.

- Samdung sho : derniere etape. La maman du home stay fait des paranthas (chapatis frits) avec du miel, delicieux. Avec ses vetements qui tombent droit elle ressemble elle meme a une montagne, solide, l air un peu rustaud, une dent qui depasse des levres. L air costaud des paysans. Assez semblables aux Boliviens encore une fois, mais peut etre y a t il une raison genetique a ca (les indiens d Amerique viennent pour une part au moins d Asie). Elle me sert a diner (un chowmein delicieux, nouilles chinoises) et me regarde, comme pour engager la conversation. Mais comme elle ne parle pas anglais, ni moi Ladakhi, je fais des efforts peu concluant pour interagir. Mais ce n est pas les mots qui comptent. Juste habiter chez ces gens pendant quelques jours, ca fait un bien fou. Il n y a pas de route pour ammener la betise de la ville. On sent ici des traditions distillees, polies par les siecles. Les jeunes, habilles a la mtv, ont deja perdu ca. C est la vie !

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Un ptit panorama vers 4000m

photos ajoutées le 23 aout.

11 juillet 2011

Ascension foireuse du Stok Kangri, 6130m

J aurais du m en douter. le 5 juillet, J achete ma place dans le groupe qui partira le 7 pour l ascension du Stok Kangri. Le 6, c est l anniversaire du dalai lama, et Tanzin le gerant m emmene voir les festivites dans un village voisin (voir message precedent). Bourre comme un cochon, il dansera avec les ados sur la musique MTV une bonne partie de l aprem. Un lien aurait pu etre tire entre cette joyeuse drillerie et un certain laisser aller dans la gestion de l agence.

Tous ces jours ci, un grand soleil a illumine le sommet, garantissant une montee agreable, et un panorama memorable en recompense. Les 2 premiers jours, nous marchons peperement 2 ou 3 heures, pour s approcher du camp de base, et s acclimater tranquillement a l altitude. Je decouvre mes coequipiers, d un peu partout. A noter la presence d un globe trotter americain d une trentaine d annees qui assure l ambiance, debonaire, une moustache de cammioneur (temporaire apprendrai-je, decu), fume au fond de la grande tente avec les guides en racontant ses aventures au Pakistan. Mon voisin de tente, Wolf, un etudiant en physique allemand, a Leh depuis quelques mois pour un volontariat, n est pas causeur, mais n est pas pas causeur non plus. Quelque chose au dela. Ayurvediquement parlant, il est kapa, a dominante eau et terre. C est lui qui me l a dit. Ce sera lui qui se perdra dans la montagne, le 3e jour, jour de l ascension. Pierre, Peter, est un Lillois de 21 ans, une personalite lumineuse, un peu a la san goku (oui l Inde charrie des souvenirs lointain).

On bouffe tout le temps, le serveur est Nepalais, je ne sais pas pourquoi mais je lui trouve un air Cambodgien, petit, tres souriant, gentil, discret, l air toujours desole de ne pas pouvoir en faire plus. Il nous apporte le the sucre au reveil dans nos tentes. Le soir, on joue aux cartes, le couple d Israeliens nous apprend Yanif, un jeu de cartes qui passe le temps, ou il faut prevoir une strategie tout en gardant une ouverture sur l imprevu, equilibre tout a fait zen.

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un yak me tire la langue pendant que je lui tire le portrait. donannt donnant ; admirez les boucles d'oreille. Les chevaux qui portent nos affaires.

Puis vient le minuit du 2e jour, le zero heure du 3e jour. Il faut partit tot pour avoir une neige dure, et une bonne meteo. On part de 4800, il y a donc 1300m de denivela au programme. La veille les deux "guides" nous ont donne des crampons et un piolet, sans expliquer a personne comment les utiliser. Incredible India ! (c est leur slogan touristique. Ca n excuse pas tout.) On n a pas de chaussure speciale non plus, du coup j ai un peu flingue mes chaussures en cuir dans la neige... incredible india. Tanzin (un autre) et Tashi sont nos deux... guides, daccord. Tanzin commence par tracer comme un ouf et etire dangereusement la troupe (11 personnes), jusqu a ce qu on lui demande de se mettre a notre allure, et d avoir un guide pour fermer la marche et ne perdre personne. Un groupe de 11 personnes de niveau tres heterogene, il y en a qui font leur premiere expedition, pas tres rapides donc, ce qui ralentit le groupe. Cinq pas, une minute de pause. Cinq pas, une minute de pause... Bon.

Quelques illogismes me font tiquer, les guides ne se preoccuppent pas des marcheurs (pas meme de ceux qui vomissent), ne savent pas combien on est, et pour finir vers 5600m d altitude, apres qu une brume se soit deposee, et une chute de neige declenchee, ne savent pas ou on est. Avec Todd l Americain nous commentons avec suspicion la situation. On met les crampons, un ladakhi que je crois etre un accompagnateur tente de mettre son crampon a l envers. Je me rends compte qu un autre, qui marche devant moi, fout ses pieds l un devant l autre dans la neige comme un cochon. Attends ils sont pas sense etre montagnards eux ? L israelien se casse la gueule, personne ne lui a appris a se recuperer, il glissouille impuissamment en attendant que deux marcheurs aillent le recuperer, et nous lui expliquons comment utiliser son materiel. Et la dessus, on arrive sur un putain de denivele. Les deux types devant moi croassent a genoux dans la neige pour tenter de nager vers le haut. Mildiou si y en a un qui tombe, ce qui est bien probable, il emporte tous les autres ! Et alors nous entrons dans ce moment confus, d une demi heure, vers 6h du matin, que Todd qualifiera lors du recit de nos aventures comme "a classic". Je fomente une rebellion, pas question de monter dans ces conditions, on ne sait pas ou on va, on se traine, quelqu un va finir par se casser la gueule. On parlemente avec les types a cote, Todd, Pascal un suisse qui fait de confiance avec son altimetre, un autralien qui a la goutte au nez, et les deux ladakhis :


"- Todd, the team caring for us are fucking amateurs, aren t they ? je suggere.

- Yes they are. I looked a the guide, he is more tired than us. Repond Todd avec un air tranquille et amuse. Il se delecte de la situation.

- So what shall we do ? they don t know were we are, it s risky, Let s go down !

- Well I don t know. That s Incredible India ! Rigole t il, tel un ado aux tendances suicidaires. Les deux Ladakhis rigolent. Ouais ben moi je vais pas me reincarner donc :

- I don t climb with non pros, someone s gonna fall soon ! We go down ! "

S ensuit un echange les mains en porte-voix le long de la colonne des marcheurs, je tente de les convaincre de rebrousser chemin, passe pour un gros emmerdeur je crois bien (pourtant quand on en discute plus tard, tout le monde tombe d accord sur l inanite des guides), et finalement Tanzin arrive et je descend seul avec lui. C est sympa, on fait du toboggan dans les champs de neige. Tanzin est militaire, il est guide pendant les vacances. J arrive en bas a 7h dodo.

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le camp au moment de mon retour, sous la neige. J'ai enlevé les gants pour la photo ; bon à la décharge de notre équipe d'incompétents y avait un sacré brouillard.

A... MIDI, les premiers marcheurs reviennent. Ils sont restes 11 heures la haut, ca aurait du durer 8 heures. Le groupe est eclate, c est la debandade, mais ils on atteint pour la plupart le sommet. En fait la montee difficile etait tres courte, on arrivait sur l arrete juste apres, mais ca personne ne le savait. Avec le brouillard il n y avait rien a voir la haut.

On dort et on mange. Puis on se demande ou est passe Wolf. On previent un guide, qui se gratouille la tete. Ah bon il y avait un Allemand ? Wolf arrive 2 ou 3 heures apres, tout rouge et fatigue. Il a l air surpris qu on soit surpris. Mysterieux Wolf. Un homme de concepts.

Elipse, 4e jour. Sur le chemin du retour, je papote avec Agathe une des marcheurses, qui vient de Savoie et connait bien la montagne, elle est osteopathe et a suivi une formation en medecine chinoise en meme temps que l osteopathe que je connais a Lyon ! Small world ! Un grand soleil illumine le Stok Kangri.

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la région est tellement travaillée qu'il y a plusieurs couches à la verticale. Jolie petite vue en fin de rando.

Le soir, on se retrouve tous au resto, on mange kashmiri (des boules de viande de mouton avec des sauces). C est un lieu musulman, la vente d alcool est interdite. Sauf si elle est servie avec un service a the ! Comme au temps de la prohibition ! On rigole bien, l Americain est en forme, bien torche, et prend plaisir a dire au couple d Israeliens que dans 20 ou 30 ans sles usa seront finis, et que ce sera chaud pour Israel ! Ensuite on va dans un bar, beuverie et betise generalisee, on se rememore le trek, j en regrette presque de ne pas les avoir suivi la haut. Peut etre une autre ascension en vue, avec une vraie equipe de guide, et un peu de technicite. A vouer.

Ces episodes qui se suivent en guirlande sont tres yin et yang, les bonnes et les mauvaises choses se melent, jusqu a ce qu il soit dur d en dire quoi que ce soit. 

ps : j ai ajoute une photo au message du 26 juin, sur le cours vipassana. Par contre j ai paume le cable de liaison pc-appareil photo, et c est pas a Leh que je vais en retrouver donc va falloir patienter pour les photos.

23 aout : ajout de photos

6 juillet 2011

Ladakh !

Je suis arrive a Leh avant hier. C est une petite ville de 10000 habitants delicieuse, au climat ideal, sans relief bien qu a 3500m d altitude. Surprenante Himalaya.

On y mange les specialites tibetaines, par exemple les momos, raviolis cuits a la vapeur ; on y boit le the tibetain, un peu coriace : du the au lait, avec du beurre et du sel, pour se rechauffer en montagne. C est surement plus appreciable en hiver. Internet coute cher ici, je me saigne pour vous communiquer ces petits messages.

Juste pour prevenir : j ai trouve une agence de trek qui m a l air serieuse, demain je pars grimper ca :

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le stok kangri, 6100m. exactement comme le Huayna potosi en Bolivie ! Celui la je le grimpe jusqu au bout. La meteo a l air pas mal.

Je suis alle aujourd hui aux festivites en l honneur de l anniversaire de sa sanitete le dalai lama. Tres sympa de voir l ambiance chez les Ladakhis. Apres les danses traditionnelles, ils ont mis de la musique MTV, et les jeunes habilles avec des marques on danse. Ca me rend un peu melancolique, cette uniformisation. Il sont a un tournant visiblement : les adultes de plus de 50 ans portent tous le vetement traditionnel, mais la proportion de survets et jeans augmente a mesure que l age diminue. C est le manager de l agence de trek qui m a emmene, il etait dechaine sur la musique. Je suis tombe sur la bonne agence.

 

Pour les autres photos :

https://picasaweb.google.com/alexandre.mamane/Ladakh?authkey=Gv1sRgCODm8sWv3IHQ5wE#5626199344689794130

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6 juillet 2011

Ce qu il y a de bien a la campagne c est qu on peut pisser par la fenetre

Je vous ai pas raconte Dharamkot. Je me sens un besoin de parler de cette Inde heureuse, apres les horreurs que j ai dit sur Delhi. Dharamkot c est le petit village ou je loge. La famille qui m heberge a une petite chevre. Avec la mousson la region est fertile, en fait ca me rappelle la region de Cochabamba en Bolivie. Le paysan a l ancienne est un individu universel, sympa comme tout. Tous les matins les enfants vont a l ecole en uniforme, a quatre heures les revoila :

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Des petites qui rentrent de l ecole. Bon j avoue je leur ai pas demande, la plus petite m a fait une grosse grimace en passant.

 

En bas a Mc leod Ganj, residence du Dalai Lama, le maitre religieux des Tibetains a donne un cours religieux accessible au public.

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L entree du temple du Dalai'

L appareil photo n etait pas autorise a l interieur, mais voila une bonne ribambelle de moines a l exterieur. J avais pas de radio pour traduire, du coup j ai seulement profite de l ambiance. J ai quand meme l impression que le Dalai' essaye d universaliser sa culture pour recevoir du soutien politique. Il a renomme le bouddhisme "science de l esprit", et on trouve dans les marches des petits drapeaux avec des messages de morale en anglais, a l adresse des touristes.

J ai passe un moment avec un Tibetain, tres agreable. Il m a dit qu il etait orphelin depuis ses 19 ans (il en a 26 maintenant), sans perdre le sourire, et en ajoutant, "comme dit le dalai lama on meurt tous un jour." Les Tibetains sont vraiment impressionants, beaucoup d entre eux font des boulots pourris pour survivre ici, ont perdu un proche, mais ils restent d une quietude et d une gentillesse ! C est autre chose que la passivite, plutot un point de vue tres realiste sur le monde.

J ai rencontre a Mc Leod ganj une sympathique yogi russe, Masha, 26 ans aussi, qui va de ville en ville donner des cours en Inde. Elle se leve tous les matins a 6h, se couche a 22h, pratique plusieurs heures par jour en lpus des cours. Ca a l air de bien lui reussir, elle est tres joviale et tres souple. Elle voulait aussi se rendre a Leh, dans le nord au Ladakh, on a fait le voyage ensemble, Jusqu a Manali, 1e etape. Ensuite, de Manali, un mini bus nous emmene pour une traversee des montagnes de 20h, avec deux passages de cols a 5300 et 5600m, la deuxieme plus haute route du monde disent ils. Les paysages sont magnifiques, de voir des sommets si facilement ca fait perdre l envie de grimper a pieds ! Nous sommes onze dans le mini bus, le conducteur est un chaud, super pro, vaut mieux quand on voit les camions ecrases en bas des tournants... Les autres passagers viennent d un peu partout, sauf d Inde. L Indien ne passe pas ses vacances dans les hautes montagnes, il reste dans la montagne a vaches pour faire du shopping et manger des glaces. Il faut dire que cette region, le Ladakh, a ete longtemps independante, sa population resemble plus aux Tibetains qu aux hindous. Ca papote pas mal pour passer le temps. Les voyageurs qui viennent en Inde sont souvent assez originaux, j aime bien.

 

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Sur la route Manali-Leh

 

Pour voir les autres photos de cette fin de visite en Himachal Pradesh :

https://picasaweb.google.com/alexandre.mamane/HimachalPradesh?authkey=Gv1sRgCJjHps2LppDXmAE#5624380312891439410

 

Ce pays est donc sacrement contraste, comme me disait mon tonton Albert avant que je parte. Difficile donc a comprendre. J avoue que pour le moment j aime beaucoup les tibetains et la philosophie locale, mais le reste me fait le meme effet que quand je mange un durian : c est exotique pour sur, ca a un gout fort et bien identifie, mais je ne sais pas encore si j aime ca.

26 juin 2011

fragments d une retraite

Je viens de passer 10 jours au Dhamma Sikhara, centre de meditation Vipassana, ou j ai suivi un cours sur cette technique. Le cours est gratuit, les centres ne vivent que de dons et de volontariat, l idee etant de de proposer 10 jours de vie monacale a la centaine de participants. C etait une experience assez forte, difficile a raconter lineairement, je vais plutot vous donner quelques fragments.

 

* limace : Vu pendant la retraite : un jeune participant indien, encape. Il enlevait toutes les bestioles des chemins, pour qu elles ne soient pas ecrasees. Applicant les preceptes de bienveillance du cours, il ira jusqu a faire un bisou a une limace qui passait par la. Mon oeil, hagard apres trois heures de meditation, a saisi cet evenement par inadvertance, et s est detourne pudiquement. Quand a votre fidele serviteur, il utilisa ces animaux repugnants comme support de meditation sur l aversion, au cours de moments d oisivete.

 

* Elegance : Un certain nombre de peres de famille indiens participaient a la retraite Vipassana, (de meres aussi, mais femmes et hommes etaient separes) probablement pas pour la premiere fois. Beaucoup de gens font une retraite tous les ans, ou a quelques annees d intervalle, pour revivifier leur pratique. La peau foncee, les rides naissantes, le port de tete, les vetements blancs, avec un chale blanc, leur conferent une certaine elegance.

 

* garcons et filles : pour faciliter la concentration et le travail efficace, garcons et filles dorment dans desresidences separees, et ne se retrouvent que pour les seances de meditation dans le hall central, et les discours de fin de journee. Il y avait quelques differences dans l attitude des deux groupes, assez savoureuses a remarquer. Les hommes arrivent toujours en retard a la meditation, les filles sont bien plus disciplinees ; a quelques reprises, durant les discours de Goenka (tous les etrangers suivent le discours en version anglaise dans une piece a part, donc on est plutot entre ptits jeunes), toutes les filles eclatent de rire en meme temps. A croire qu elles en ont discute !

 

* Goenka : le General teacher, fondateur des centres Vipassana. Il raconte sa vie par bribes au cours des discours. Il est issu d un milieu de businessmen, et considere que c est une chance pour lui, car ca lui a permi de ne pas fantasmer sur l argent : les businessmen sont aussi malheureux que les autres ! A cause de migraines chroniques qu il peine a faire soigner, il decouvre la meditation Vipassana ("vue penetrante"), qui change radicalement sa vie. Il decide de se consacrer a la transmission de ce savoir, et fonde un premier centre Vipassana en Inde, qui propose une formationde 10 jous entierement gratuite. Le succes aidant, il existe actuellement des centres sur tous les continents. Tous les soirs a 7h, il nous cause par video pendant une heure. J etais bluffe : chaque soir, il fait le bilan des progres et difficultes rencontrees, et tombe toujours juste ! On sent que sa pedagogie est hyper bien rodee. Chaque soir il approfondit la pratique, et ajoute un point theorique. Son discours est clair, limpide, accessible a tous. On sent qu il vit dans une culture indienne, car il parle beaucoup de la devotions aux dieux, des rituels, et du peu de resultat que ca apporte, contrairement a la pratique de la meditation.

 

* Assistant teacher : L assistant teacher preside les seances de meditations, et repond aux questions des eleves sur la pratique de la meditation. Je lui en ai pose quelques unes, ses reponses etaient tres claires, un peu comme s il expliquait comme faire un lancer franc au basket. La meditation est reellement un savoir faire, concret, tangible, c est une des choses que j aurai apprises ici. Le teacher doit avoir la soixantaine, il semble incarner assz bien les resultats de la meditation : patience, bienveillance, legerete. Ca m a fait plaisir d en voir un exemple vivant, et ca laisse penser que la technique fonctionne.

 

* thali : au dejeuner, tous les jours un thali vegetarien different. Un thali, c est du riz, quelques chapatis (pains rond aplatis), et des preparations a base de legumes, fromages, pour melanger avec. Delicieux. J ai mange 100% vegetarien ces 10 jours, et ca passe tres bien.

 

* pousse de soja : le matin, on mange des pousses de soja pour les proteines, beaucoup de cereales, du lait. Je ne dis pas qu un bon steack saignant ne me manque pas, mais je comprends qu on puisse etre vegetarien ici.

 

* diner (pas de) : apres le gouter a 17h (du riz souffle), on ne mange plus jusqu au lendemain. Et ca passe. Je n aurais pas cru. Ils doivent entre super cales en dietetique, et equilibrer les repas de facon a pouvoir sauter le diner. Apres un repas, c est beaucoup plus difficile de mediter par ailleurs.

 

* 4h00 : l heure du reveil matin, sous la forme de dhamma workers faisant irruption dans la chambre en agitant une clochette. Ca, je mentirais en disant que je m y suis habitue. La journee commence a 4h30 par 2h de meditation, et termine a 21h30, extinction des feux. Au final, 10h30 de meditation par jour ! J ai jamais reussi a les faire toutes, je tournais plutot autour de 6h/jour. Le but d un programme si charge est d eviter la dispersion avec trop de pauses, et aussi de decourager ceux qui voudraient une pension complete gratuite sans trop d efforts.

 

* flore et faune : pendant les pauses, vu qu on peut pas faire grand chose, je regarde ce qui se passe dans le jardin. Il y a de tres beaux hortensias, allant du rose au bleu ; pas mal d insectes ; des limaces repugnantes qui traversent peniblement les travees ; des araignees tisseuses de toiles. Je me suis senti retomber en enfance, j ai observe le tissage d une toile du debut a la fin, et le decoupage d un insecte piege par l araignee. Les singes se sentent aussi chez eux,ils traversent en horde la zone, les bebes accroches au ventre des meres, ils s epouillent, se chamaillent a quelques metres des participants. Tres joli.

 

* creativite : les 3 premiers jours, la meditation vise a focaliser l attention. Il ne fallait pas tomber dans le piege des associations d idees, et se laisser emporter. Mais c est pas facile au debut. Et toute cette energie investie a canaliser l esprit a eu au debut l effet inverse : je me suis retrouve emporte par un deluge d images affolant, et d une creativite venue je ne sais d ou. Des peintures originales, aquarelles, dessins animes aux graphismes novateurs ont defile devant mes yeux fermes et ahuris. D habitude quant une image vient a l esprit et qu on essaye de saisir un detail, elle perd de sa consistance. Mais la, tout etait hyper detaille, la moindre touche de pinceau... Et puis ca a disparu. Comme disait Einstein, on utilise que 10% de notre cerveau... Je suis sur que plein d artistes profiteraient d une retraite meditative ! Mon voisin de chambre, un architecte, ma dit qu il avait eu plein d idees pour son travail.

 

* meditation : Expliquons le principe de cette meditation vipassana. (Attention c est un resume des 10 jours de cours, donc c est dense !) Les 3 premiers jours, on a observe la respiration, plus precisemment le passage de l air au niveau des narines. Il faut s entrainer a observer les sensations telles qu elles sont, sans chercher a les changer, pour developper l attention et l equanimite. Au bout de trois jours, un phenomene nouveau apparait : a force de se concentrer sur les sensations, on se met a sentir des picottements dans la zone observee, et de legeres vibrations. Ici ils ont une interpretation energetique ou je ne sais quoi du phenomene, mais j ai l intuition qu il se passe en fait la meme chose que lorsqu on repete un grand nombre de fois le meme mot : il perd sa signification. De la meme maniere, a force d observer les sensations, on desactive l interpretation du signal, et on recoit l information brute des neurones sensitifs.

Les 7 jours suivants, on apprend a observer de la meme maniere l ensemble du corps, c est vipassana. A force de pratique, on fini par sentir les sensations subtiles, vibrantes, sur l ensemble du corps. Ca fait des especes de vagues de la tete au pied, assez agreables (je me demande pourquoi ca se presente sous forme de vagues). C est un peu le meme plaisir que de prendre une douche chaude. Mais ces sensations ne durent jamais, et on retrouve sans cesse les sensations "brutes", le toucher des vetements, le vent. Cet exercice necessite de l attention : pour percevoir les sensations subtiles, il faut etre concentre, ne pas penser a autre chose. Une autre consigne est de rester equanime devant les sensations observees : il faut juste observer, sans chercher a obtenir une sensation plutot qu une autre. Au cours des seances, on constate d ailleurs qu on ne peut pas modifier les sensations observees, et qu elles sont impermanentes. Le teacher donne une image illustrant l impermanence : "On dit qu on ne se baigne pas deux fois dans la meme riviere. En effet, vous savez bien que si vous vous baignez dans la riviere, sortez, puis rerentrez, l eau de la riviere que vous toucherez ne sera plus la meme. Ce que vous allez comprendre avec vipassana, c est que le corps qui se baigne non plus n est plus le meme ! Car le corps est toujours changeant, c est pourquoi les sensations sont impermanentes !" Ca ne vous parle peut etre pas comme ca, mais c est vrai que par la pratique on ressent quelques eureka! qui changent notre relation a nos sensations.

Le but de la technique vipassana est de developper deux qualites, l attention et l equanimite. L attention est utile en soi, elle aide a stabiliser l esprit, a vivre le moment present, a etre totalement a ce qu on fait, a ne pas etre distrait. Mais il y a quelque chose de plus, et c est la que la technique devient subtile. Dans la vie quotidienne, lorsqu une idee, image, vient a l esprit, ou bien lorsqu une sensation exterieure est percue, il s ensuit une reaction emotionnelle. Cette emotion se manifeste dans le corps, par une modification du rythme cardiaque, de la respiration, et des sensations dans certaines parties du corps (avoir la gorge nouee, sentir des papillons dans la poitrine etc...). En pretant attention a ces sensations, on prend conscience de l emotion ressentie. Alors intervient l equanimite : cette qualite developpee par la pratique meditative, permet de ne pas reagir aux sensations (qui sont de toute maniere impermanentes), et donc de bloquer le dialogue entre le "corps et l esprit", ce qui evite de se laisser submerger par l emotion. On devient donc maitre de soi.

De cette maitrise de soi s ensuit un changement du rapport au monde : on ne classe plus les choses en plaisantes ou deplaisantes, on ne se sent plus irremediablement attires ou degoutes par ce qui nous entoure. Etant plus serein, on pense moins a soi, a comment ameliorer son bien etre dans le monde exterieur, on devient moins ego-centre. Et alors s exprime la nature de Bouddha, qui n est faite que d amour !

Ce qui est plaisant dans cette philosophie, c est qu il n y a presque pas de theorie, seulement une experience. On ne demande pas aux pratiquant de croire par avance en quoi que ce soit, seulement de pratiquer et de voir comment la personnalite evolue. Il faut en faire une heure tous les matins pour que ca marche... J avoue que c est tentant. Un peu comme une douche, on lave son corps tous les matins, pourquoi pas son esprit ?

 

* Apprenti sorcier : les consignes de meditation sont claires, et pourtant pas faciles a suivre au debut. Si je vous dit d observer avec attention votre respiration, sans chercher a la modifier, vous y arrivez du premier coup ? Je vous laisse essayer. Certaines fois, je n ai pas bien suvi les consignes, et j ai eu des effets secondaires bizarres. Une fois, je me suis retrouve avec la moitie gauche du corps 1 degre plus chaude que l autre. Ca a dure 24h, j ai cru que j allais rester comme ca a vie. Une autre fois, j ai mal applique l equanimite, et pendant toute la journee au lieu d etre serein, je me sentais agresse par toutes les sensations que je percevais. En tout cas ca prouve que mediter ca fait bouger des choses.

 

* karma : Juste pour prendre un peu de distance par rapport a cette experience, je tiens a preciser que la meditation n est pas aussi neutre et universelle qu elle le pretend. C est reellement une pratique orientale. Goenka semble assez pessimiste, a l image de la vison bouddhiste du monde : la vie n est que souffrance car nos esprits sont remplis d impuretes (l attachement, l aversion, et l ignorance de la loi naturelle de l impermanence des phenomemes) ; on souhaitera donc la purifer, pour alleger son karma, et avoir une prochaine vie moins dure, jusqu a se debarasser de tout notre karma et rejoindre le nirvana, le flot de conscience universel, libre de la souffrance des reincarnations. Donc on voit bien que le bouddhsime repose sur des concepts tres orientes (la reincarnation et le karma. Ca me parait en contradiction avec nos connaissances scientifiques mais bon...). Le point de vue bouddhiste est que nos desirs ne peuvent etre combles, et qu il vaut mieux s en debarasser. Le point de vue de notre psychologie, il me semble, est qu au contraire le but de la vie est de vivre ses desirs profonds, c est pourquoi on cherche a en prendre conscience. Perso je me suis fait un petit mix des deux points de vue. 

Anna 014

au dhamma sikhara

En tout cas avec ces 10 jours j ai eu ma dose de philosophie pour un moment !

J ai fait quelques nouvelles photos, si ca vous interesse : https://picasaweb.google.com/alexandre.mamane/HimachalPradesh?authkey=Gv1sRgCJjHps2LppDXmAE#5622391670174774882

Prochaine etape, Leh, au Ladakh dans le nord, pour aller gratter le ciel.

je vous embrasse,

Alexandre

 

ajout du 11 juillet : photo de groupe le dernier jour.

2011-06-26 06

Et voila tous les meditants, et le staff. Le 4e debout en partant de la gauche etait le gerant du centre, d une gentillesse et d une prevenance rare ; le 5e est un prof de sport retraite qui passe beaucoup de temps au centre pour encadrer, un peu rouspeteur mais bienveillant ; a l avant au milieu, deux jeunes cuisiniers. Tout le monde voulait prendre une photo, du coup j avais des crampes aux zygomatiques sur celle qu on m a envoyee. Il y avait une brume epaisse ce jour la. On voit qu il y a beaucoup d Indiens, quelques etrangers d un peu partout.

7e debout en partant de la gauche, Un japonais qui voyage en attendant qu on nettoye sa zone d habitation ; 22e, un anglais ex-teufeur drogue qui a trouve la remission dans le yoga et la meditation ; 4e en bas en partant de la gauche, un jeune Francais venu par curiosite dans ces contrees exotiques.

On remarquera les deux comiques en bas a droite, qui prennent une pose plus indienne que les Indiens ! Le grand type tout en bas a droite notemment avait l air sacrement relie au cosmos, c etait tres amusant.

11 juin 2011

Shimla, Dharamsala, l arrivee dans l Himalaya

Apres Chandigarh, Shimla, station touristique de basse montagne, qui est sur la route vers les hauteurs de l Himalaya. J y passe une journee, accompagne de deux Indiens Penjabi de 18 ans, tous contents de me faire visiter. Ville pas bien interessante, il y a des magasins pour la classe moyenne naissante... On assiste a une ceremonie sikh. Plus tard Akbar, un rabateur de clients, avec sa cape en tissu reche marron, sa barbe, son air Perse, a vraiment l air de sortir d un episode de Tintin. Il m explique son nom : Akbar, because Allah akbar. bah oui. On est pas tres loin du Pakistan.

Ensuite, Arrivee a Dharamsala - Mc leod ganj (les deux villes sont proches). Mc leod ganj, 2000m, est la ville offerte aux Tibetains en exil par le gouvernement Indien. Il y a des moines partout, j ai hate de pouvoir entrer en contact avec eux. Les Tibetains sont tres beaux, des peaux cuivrees, pommettes hautes, yeux en petite amande, petite bouche, un air noble et simple. Et tres gentils et respectueux, pour les marchands que j ai vu. J irai voir leur centre culturel au plus tot.

En terme de touristes il y a pas mal de babas souriants dans le coin, et pour qui tout est lovely, amazing, so sweet. Il y a aussi plein d Israeliens (et meme une famille d orthodoxes qui a batit une maison dans le coin, pour rammener les brebis egarrees surement), et un peu de tout sinon.

Je loge dans une guest house dans un village un peu plus haut, qui vit du tourisme principalement. Les proprietaires ont un magazine de propagande pour Bene Lahden et son organisation (je change l orthographe pour ne pas me faire interroger par la CIA) pose sur la table. J eviterai de causer politique avec eux ! Mais a cote de ca ils sont tres gentils, leur fiston passe sa journee a jouer avec une chevrette qui vient de naitre.

Ici c est la region du yoga, de l ayurveda (medecine indienne), du bouddhsime tibetain, avec beaucoup de charlatans dans le lot certainement. Je me fais expliquer les principes du yoga par un docteur en ayurveda. Le but du yoga est de relier son esprit au cosmos, en se liberant des afflictions mentales (comme le bouddhisme) et en harmonisant ses energies avec le cosmos. Y a aussi une histoire de reincarnation, mais j ai pas saisi son role. c est tres interessant de se faire expliquer la chose de vive voix, c est plus concret, et le docteur expliquait bien.

Je me suis laisse tenter, j ai eu ma premiere journee de cours de Yoga aujourd hui. Ce matin, un professeur belge nous apprend une posture, la plus importante de toutes les postures pour debutant nous dit il, qui consiste a vider ses poumons, puis a aspirer son ventre avec le diaphragme. Ce n est pas trop complique. Ca travaille tous les organes du coin, harmonise l humeur, plus d autres trucs esoteriques un peu lourdingues. Mais le prof est pas mal, en un seul cours j ai l impression d avoir un peu compris de quoi ca cause. D une part le yoga est une science empirique, qui grace a des exercices agit sur differentes parties du corps et ameliore la sante, guerit les troubles psychosomatiques. Cet aspect a l air solide, le Belge semblait de confiance. Il y a aussi tout un pudding sur le lien au cosmos, mais on est pas oblige d adherer a cette partie la je crois.

Au cours de l apres midi, malheureusement c etait une autre prof, Indienne, bien plus reliee au divin je crois bien. On commence par des salutations au soleil (quelques mouvements de gym douce), la prof nous demande de visualiser le soleil, et de sentir ses -divines- radiations. Avec des mantras. Elle sourit tout le temps, je vois pas trop les tenants et les aboutissements de tout ca. Autour de moi les autres filles (il y a 4/5e de filles au cours) sont tout a fait dans leur element, attrappent leurs pieds avec les mains en s etirant, recitent les mantras comme moi la deuxieme loi de Newton. Un peu trop fifille pour moi ce cours, la prof a des intonnations tres inspirees pour nous inciter a regarder en nous, elle nous felicite a chaque exercice alors qu elle les yeux fermes. encore un truc pas evident quoi. Mais le pire est pour maintenant : la meditation sur fond de musique new age. trop c est trop, j attends les bras croises.Ensuite vient le cours du soir : aujourd hui, c est tantrisme. La prof nous explique que l energie sexuelle est un capital, qu on consomme en faisant l amour, ou meme du sport. La preuve ? les sportifs olympiques vieillissent mal. Et beaucoup de grands artistes, ecrivains etaient abstinents pour ecrire leurs oeuvres. Ok certains peut etre, genre Proust. Mais Rimbaud, Picasso, Ray Charles, Marlon Brando, ou meme Gustave Eiffel ? (il parait que ca defilait au 3 etage de sa tour) Et tous les mythes sur les muses ?

Ensuite elle explique qu il faut conserver cette energie (pour la relier au cosmos toujours, et devenir divin). Deux options : l abstinence (dans la plupart des religions ca marche comme ca), ou, plus subtil : la continence. Qui consiste pour les hommes a avoir des orgasmes sans ejaculation, et pour les femmes a reduire leurs menstruations. Et en plus ca demande beaucoup de travail et d exercice nous avoue t elle. Les resultats qu elle annonce sont assez balezes je l admet : les pratiquants determines peuvent obtenir des orgasmes durant jusqu a 20 minutes.

Ok mais pourquoi 20min valent mieux que 5sec ? Au final notre romantisme a l occidentale est pas mal non plus, le grand amour, l ame soeur, moins technique, et ravissant. Et sans issue, comme nous le rappelle Gainsbourg. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est pas remplie

9 juin 2011

What about India ?

Je lis dans la newsletter du magazine litteraire qu Arundhati Roy, ecrivain Indienne, se reclame sympathisante maoiste.

A l alliance francaise de Chandigarh je rencontre Rahul, qui a etudie chez nous quelaues annees. On parle un peu de l Inde. Avant l occupation anglaise ce territoire etait divise en de nombreux royaumes de cultures differentes, et de frontieres assez mouvantes semble t il. Du coup l unifier et en faire un Etat democratique c etait gonfle quand meme. Pour Rousseau un Etat trop divers ne peut avoir une seule volonte generale, et ne peut avancer dans une direction de maniere coherente. Ca a bien l air d etre ca. Ce peuple certes possede une classe moyenne croissante, mais reste tres majoritairement pauvre et sous eduque, et sous le joug de superstitions anti democratiques. Rousseau pense qu un peuple doit etre prepare, ses moeurs doivent murir, avant qu il recoive la democratie. Ici, impossible pour l Etat de reguler la demographie catastrophique (100 millions de nouveaux habitants tous les 10 ans, va faire les infrastructures...), on est en democratie. Impossible d imposer des mesures de protection de l environnement, on est en democratie. Impossible de coordonner la sortie de la misere comme les Chinois, on est en democratie. Mais alors Rahul, dans l idee tu prefererais que l Inde soit sous une dictature comme en Chine ? Ben ecoute, franchement, ca aiderai le pays d etre dirige autoritairement pendant un moment. La les Chinois ils menacent nos frontieres, ils veulent le Cachemire et l est de l Inde, ils nous encerclent avec des bases militaires. - Tu penses que vous pourriez rattrapper les Chinois ? Franchement non on est trop desorganise. Ok Rahul.

 

A Chandigarh toujours, un conducteur de rickshaw velo (un velo qui tire une petite remorque), tout en me baladant dans la ville, me fait la conversation de maniere tout a fait cordiale.

" What do you think about Sarkozy ? Il dit.

- some good things, some bad things... hard to say. Je dis.

- You have girlfriend ?

- Yes. Je reponds.

- Your parents like her ?

- Yes, but in any case in France they can t empeach me to marry her even if they don t like her. And the family doesn t have to pay to marry the daughter. Our culture is more based on the individu than on the family.

- Mmmh it's not like this in India. You have good culture ! In India we have bad culture. And, I saw on Tv that one hot summer a lot of elderlies died in France. Why ?

- Ah the summer 2003 ! Yes in France the generations don t live under the same roof, and sometimes the children don t care about their parents. For this also, we don t have any obligation, so sometimes people care only for themselves. But this event was something very rare !

- Here is the bus terminus. 70 roupies. Thank you !"

9 juin 2011

Chandigarh, ville nouvelle

Apres la partition de L inde avec le Pakistan en 1947, le Penjab (nord ouest) se retrouve sans sa capitale Lahore, passe de l autre cote de la frontiere. De plus, des centaines de millers de refugies doivent etre loges. Nehru decide de creer une nouvelle capitale regionale. Il fait appel a un Americain, qui meurt, puis au Corbusier. La ville est a peu pres finie au debut des annees 50. Votre serviteur s y rend en 2011.

Je vous parle d un individu qui a passe trois jours a Delhi. Qui en est venu, sous le coup de la confusion et de l effarement, a penser qu il fallait recoloniser l Inde (je plaisante). Je vous parle d un homme qui en avait deja marre de ces croyances multiples et tordues qui servent a quoi, on ne sait pas, certainement pas a batir une societe respirable. Enfin, je vous parle d un homme qui regrettait le service public francais, ou bien un bon gros 4x4 (oui) avec vitres teintees, insonorisation, pour aller tranquillement de mausoles en palais ! Je vous parle d un homme qui, lorsqu il rencontra deux touristes francaises, a pense que notre pays etait d une grande sagesse, un petit jardin fragile a preserver. Oui mes chers lecteurs, Delhi m avait pousse dans certains retranchements. Pour la sagesse francaise par contre j y crois toujours. Aux mariages forces, aux dieux singes, a la ferveur debile et aux privations, j oppose le romantisme, la liberalite des moeurs, la quete des plaisirs a l occidentale, et meme a la francaise. On ne voit que ce qui ne va pas chez nous, mes amis, mais mon Dieu en voyageant on se rend compte que c est pas si mal !

(ajout du 01/07 : je precise que c est un recit a chaud, peut etre un peu excessif, mais le but n etait que de transmettre des impressions. Maintenant que je suis un peu plus habitue au pays, je serai un peu plus nuance dans les prochains messages)

C est donc avec le meme plaisir que les evades d Alcatraz que je prend le train pour Chandigarh, le coeur empli d espoir. Ormi un petit embouteillage vers la gare qu il me faut conceder, le traffic est fluide. mon oeil larmoie, je releve mes paupieres inferieures pour eviter de pleurer. Les bagages poses a l hotel, premiere ballade dans le quartier commercial, secteur 17. Reebok, Lacoste, Celio, etc... Peu de saris, plutot des vetements occidentaux. Beaucoup de turbans, assortis aux chemises. Le Penjabi est coquet. Je me sens anglo-saxon devant cette abondance, voila ce que c est qu une ville qui fonctionne tudieu !

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des magasins dans le secteur commercial

Chandigarh est une ville administrative, c est l employeur principal du coin, l industrie est limitee pour ne pas pervertir le but de la ville. de 500 mille habitants initialement, on est est aujourd hui a plus d un million. De nouveaux secteurs ont ete batis. secteurs ? La ville est un damier, la case elementaire, le secteur, mesure 1200m sur 800m. Entre les secteurs passent les avenues. Dans les secteurs, peu de traffic pour preserver les habitants. La ville est tout en beton, avec souvent des arcades au rdc pour augmenter l espace pieton. Ce materiau, pierre qui coule comme dit l ancien directeur de Lafarge -au cours d une conference qu il a donne a Lyon- donne une grande liberte dans la forme, et meme si la couleur et la texture sont plutot rebarbatives, le rendu est plutot bon, l espace est bien decoupe, l oeil est a l aise. Les Indiens ont l air de bien s y sentir, tout est bien pense. Le Corbusier voyait la ville comme un corps humain : la tete, le capitol complex (administration de a ville), les poumons, une vallee de jardin qui traverse la ville direction N-S, la circulation sanguine, les avenues, l esprit, l universite et les lycees. Pour les plans des habitations, il s est inspire des maisons de la region.

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Carte de la ville. On identifie bien les secteurs, et la petite vallee de jardins.

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beton.

Rien ne manque en effet quand on se ballade. Seul provoque un leger inconfort le sentiment que tout a ete pense a l avance, pour un usage precis, qui donne l impression d etre dirige. Les mouvements pietons notamment sont entraves par des barrieres un peu partout, i l ya peu d entrees dans les parcs, et des barrieres empechent de traverser hors des clous. Un peu psychorigide le Corbu ! Mais bon on s y habitue j imagine, et ca facilite le traffic. Le clou je trouve, c est les plans de secteur : a l entree de chacun, un plan detaille l emplacement des batiments importants, on a l impression d etre dans une ville playmobil c est assez amusant a decouvrir. Les gens sont eduques, il y a pas mal de jeunes venus pour les etudes, mais pourtant peu d activite la nuit me dit on.

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Les secteurs 3 et 36 font partie de la petite vallee de jardins. Le secteur 17 est le secteur commercial. C est assez amusant de voir tous ces details.

 

Je n ai montre qu une facette de la ville en photos, si vous voulez voir plus notamment sur les habitants c est ici : https://picasaweb.google.com/alexandre.mamane/Chandigarh?authkey=Gv1sRgCNbNjJ7WgvW9Cg


9 juin 2011

Delhi, violent premier contact avec l Inde

Arrive a Delhi le 2 juin 2011. J ai reserve une chambre dans Pahar ganj, le quartier du bazar principal et des hotels bon marche. Ce premier jour, je regrette de ne pas etre un touriste fortune, allant de palais en palais, hors  atteinte des miseres de ce pays.

Voyant passer le taxi qui m ammenait a l hotel depuis l aeroport, un estropie exhibe sa jambe tordue, chair a vif, pour susciter la compassion du blanc, et peut etre recevoir un don. La complaisance est un des mot-clefs de ce court sejour a Delhi. Tous les petits marchands sont experts dans l embrouille de petite envergure et l enjolement obscene. Tres different de la Bolivie, pays pourtant aussi pauvre, ou les vendeurs certes traffiquent les prix mais ont leur dignite. Sur les forum de voyageurs, certains routards parlent de l Inde comme un gros morceau, un pays a ne pas tester en premier, un pays pour les durs. Pur masochisme ?

Mais le 1er soir je recontre deux touristes francaises super sympas, ce qui me remonte le moral, et on visitera la ville ensemble les deux jours suivant, avant leur retour en Fance. Ca me fait penser que j aurais bien voyage avec des amis cette fois. J en rencontrerai d autres !

Le premier contact avec l Inde n est pas tres engageant. Delhi est un bordel sans nom. Il y a tres peu de poubelles (c est Marseille sous la greve des eboueurs toute l annee). La circulation n obeit a aucune regle. Chaque vehicule double des qu il peut, meme si un vehicule arrive en sens inverse. ca avance au coup par coup, a 10km/h a tut casser. Ils n utilisent pas le retroviseur, et klaxonnent toutes les 3sec pour etre reperes... Scandale. Au cours d une promenade un bambin en haillon, le visage terreux, s accroche a ma jambe pour me forcer a lui donner des roupies. Sa soeur regarde la scene avec un oeil amuse : la mendicite a beau etre leur seul moyen de survie, ils sont tellement jeunes qu ils prennent encore ca pour un jeu. Le type a la reception dans mon hotel a un trou dans la joue, on a du lui retirer une tumeur a la cle a molette. Ca donne l impression qu une vie ne vaut rien ici, la mienne y compris. Flippant.

Je croise dans la rue un type au t shirt avec inscription : god created women, his only mistake. La famille doit payer une dot pour marier la fille ici. Aussi, les femmes font les pires travaux, et comme vous le savez sans doute la tradition veut qu elles se suicident a la mort de leur mari, tradition en regression mais non disparue.

(modification du 3 juillet : fort heureusement depuis un mois j ai vu plein de belles choses dans ce pays qui me le rendent tres sympathique. Je ne modifie neanmoins pas ce 1er message, qui est un recit d impressions)

Le premier constat est que cette societe semble dirigee par des regles injustes, qu il sera sans doute difficile a decrotter. Ce qui ne donne pas vraiment envie d aller plus loin. S il n ya que ca a decouvrir ici, j aurais prefere faire la road 66 en caravane. A ce stade, j ai l impression que contrairement a l Amerique du sud, ce pays a tout a gagner a l occidentalisation, vu de la ou il part...  Cette partie occidentalisee, je ne l ai pas beaucoup vue a Delhi (elle y existe certainement mais j ai prefere fuir), j allais la rencontrer par la suite.

 

D un autre cote, quelques petits quartiers a l ecart semblent reveler un art de vivre, avec des couleurs, des parfums ; et les monuments historiques font vraiment 1001 nuits. Les visages sont surprenants, beaucoup plus varies que l image que je me faisait de l Indien : la peau peut etre tres claire, les traits peuvent ressembler a ceux du moyen orient, a la thailande. Il y a eu pas mal de migrations dans le coin. L atmosphere globale est bigarree, la berline cotoie le rickshaw pourrave, des gens de type chinois cotoient des indous, des perses, les saris le jean moulant, dans une odeur entetante d encens (et d ordures en putrefaction assez souvent), sous un soleil de plomb. Ca m evoque les premiers episodes de Dragon ball.

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Des femmes au marche

La ville est tres heterogene, ce que j en ai vu est mal entretenu sauf exceptions... Les images aussi choquent l occidental : les images sacrees indoues font kitsch avec les dieux tous bleus, ou a tete de singe... Je croise un poster d un maitre de je ne sais quel religion qui medite a poil. Les hommes indiens se baladent main dans la main en signe d amitie, se chamaillent en pleine rue...  Les sikhs, eux, se baladent une dague a la ceinture. Pas simple tout ca.

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Voici des photos des beaux monuments, et de quelques coins tranquilles ou il fait bon flaner :

https://picasaweb.google.com/alexandre.mamane/Delhi?authkey=Gv1sRgCITskP2uuIX6dg

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